À la recherche des poulofs perdus

Alors que tout le monde ou presque regarde médusé l'Horrible qui ingurgite bruyamment les malheureuse tartines au bord de l'asphyxie, une forme discrète manigance quelque chose au comptoir de la Gramoche Hilare avec maître Thaal.
L'homme est vêtu de haillons gris, il porte une capuche rabattue qui empêche de voir de quoi il a l'air. Il parle doucement, presque en chuintant, et ses gestes sont comme délicats, mais pourtant quelques pièces passent des mains de l'aubergiste à celles de l'homme discret en échange de quelques beaux caramels aux chaudes couleurs...
Parmi les autres clients, il y'a deux étrangers, un dragonier darshanide à l'accoutrement bizarre, il porte en effet des lunettes de vol, un casque de vol, une combinaison de vol et tout ce qui va avec, mais ce qui attire le plus l'attention chez lui, ce sont ses yeux fous et les remarques toutes aussi folles qu'il adresse à des gens qui ne sont pas là...
Un autre étranger boit tranquillement un lait de gramoche chaud à une table retirée, ce qui attire l'attention chez lui, c'est qu'il est totalement vêtu de cuir et qu'il porte deux beaux cimeterres à ses côtés. L'homme semble sur de lui, mais n'est pas provocateur. Il a aussi un accent un peu dur, mais ses manières sont tout à fait agréables, dénotant chez ce dernier un bon niveau social...
Alors que l'Immonde achève sa dernière tartine, au grand soulagement de tout le monde, enfin de ceux qui sont restés, car il y'en a tout de même pas mal qui sont partis en prétextant l'une ou l'autre excuse peu crédible, ou encore ceux qui sont entrés et ont faire marche arrière en entendant les SSCCCHHLUUUPSS qui délicatement s'échappaient de l'antre buccal de la terrible Ogresse de Castel Rhubin...

C'est au moment où l'homme en gris arrive discrètement à la porte de l'auberge après avoir rasé les murs, que celle-ci s'ouvre brutalement et qu'entre Emyle, le capitaine de la garde accompagné de Grégoires...

- Ha vous êtes là, vous aviez raison Maître Grégoires, je suis vraiment soulagé soulagé...
S'approchant de la table des feux femmes, Emyle Kha se fige un instant, le regard braqué sur Urunaï, et pendant que Grégoires s'installe avec ses amies, le capitaine bredouille un :
- Heuu.
Puis se ressaisissant, il dit tout haut :
- Mes amis, Castel Rhubin a besoin de vous, car quelque chose d'horrible s'est passé ce matin...
Mamie Baba lève la tête de son bol et gargouille sèchement :
- Ten donc, y'avait longtemps qu'avait plus eu un truc horrible par ici !
Regardant un moment la vieille chose avec un air bizarre :
- Oui, vous avez raison, un peu comme tous les matins ici quoi...
- Hmm, où j'en étais, ha oui...
- Ça fait maintenant plusieurs semaines que les Barcasse, de la ferme du cul des Sarts, signalent des vols de poulofs.
- Au début il y'avait juste quelques bêtes qui disparaissaient, mais depuis 6 jours, on commence à dénombrer 6 à 8 animaux en moins par jour.
- Il y'a deux jours, ce sont deux chiens de la ferme qui ont disparu à leur tour.
- Mais le pire est arrivé ce matin, ce sont leurs deux bébés de 3 mois qui ont été enlevés à il y'a à peine plus d'une heure.

Le capitaine fait une brève pause pour commander une bière à l'aubergiste, puis reprend :
- J'ai fait une brève enquête et voila ce qui en ressort :
- Les enfants ont été déposés dans leur parc, à l'étage, dans leur chambre. Ils y ont été laissés seuls 15mn avant que la grand-mère revienne les voir, car elle ne les entendait plus , et à ce moment là, tout le monde a entendu un grand cri de frayeur. Quand la mère est arrivée dans la chambre, les enfants avaient disparus et la vieille femme était tombée dans un état catatonique, certainement du à la peur causée par ce qu'elle a vu, ce qui a enlevé les enfants je veux dire. La fenêtre de leur chambre était ouverte, mais l'accès à cette fenêtre est très difficile, car c'est haut et le mur y est quasi lisse et il n'y a pas d'arbre à proximité.
- Aucun bruit n'a été entendu, aucun pleurs. Rien d'autre n'a été dérobé, à part les enfants et ce qu'ils avaient sur eux. Personne n'a pu passer par la maison, car il y avait du monde en bas.
Il n'y a pas de traces au bas de la maison, du côté de la chambre, genre pieds d'échelles etc etc...

- Les Barcasses sont quasi certains que ce sont des représailles par rapport à leurs différents commerces, et surtout en vue de l'arrivée de la Foire de Castel Rhubin.
- Je peux vous dire que la vente des poils de poulof leur assure de très belles rentrées d'argent chaque année, ce qui peut amener des jalousies, sans compter les laines de laineux...
- La famille fait des recherches en ce moment même, mais ils ne sont que 5, car les autres sont en déplacement un peu partout depuis plusieurs jours. C'est leurs différents métiers qui veulent ça, ils sont toujours sur les routes.

Urunaï dit alors :
- En quoi ça nous r'garde ça capitaine ?
-Hé bien, je pars avec la milice dès ce matin, (baissant la voix) car je dois accompagner le Bourgmestre qui se rend à Hergile pour affaires. En fait un transfert de fonds, ce qu'il fait tous les ans pour la Foire de Castel Rhubin.
- À mon avis ceux qui ont fait cela vont demander une rançon, et ils doivent se cacher quelque part dans le coin, isolés afin d'être tranquilles un moment.

Réflechissant un bref instant le capitaine rajoute :
- Surement pas au vieux moulin, mais les Barcasse vont tout de même aller voir.
- Ces derniers ont l'intention de ratisser la région à partir de Obrador, jusque Troymar en passant par Barcrasse, car des membres de la famille travaillent de ce côté là. Ensuite ils se rabattront vers Castel pour explorer les zones situées « sous » Castel Rhubin...
- C'est là que j'ai besoin de vous, je voudrai que vous alliez discrètement, en mon nom faire le tour de cette zone là, afin de gagner du temps et de ne pas faire comme si la milice ne s'occupait pas de l'affaire.